HRWF (24.04.2025) – Treize mois après l’invasion russe de l’Ukraine, la Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme (FECRIS), fondée et enregistrée à Paris en 1994, n’a eu d’autre choix que d’exclure sa branche russe, RATsIRS, et son président, Alexandre Dvorkin, pour tenter d’éviter un scandale public et sauver la face. Y est-elle parvenue ?

Non, selon Bitter Winter, qui a publié le 11 avril 2025 une étude documentée intitulée « Quand Dvorkin a qualifié la FECRIS de lâches et de racistes », et analysant les péripéties de cette « purge ».

Voici quelques extraits de cette étude, rédigée par le Dr Massimo Introvigne.

Alexandre Dvorkin, vice-président de la FECRIS pendant 12 ans, et Poutine

« La FECRIS a été créée en 1994 à Paris pour fédérer des mouvements anti-sectes de divers pays. Certaines des plus grandes organisations qui ont finalement adhéré étaient russes. Alexandre Dvorkin, employé par l’Église orthodoxe russe et nommé politiquement par le régime de Poutine, est devenu un représentant éminent de la FECRIS et, en 2009, son vice-président.

Dvorkin est resté vice-président de la FECRIS jusqu’en 2021. Durant cette période, il s’est fait connaître pour ses insultes à l’encontre de toutes sortes de minorités religieuses. »

Il a créé des problèmes considérables dans les relations entre la Russie et l’Inde quand il a attaqué la Bhagavad-Gita, la qualifiant de livre ‘extrémiste.’ Et il a déclaré : ‘Nous ne nous tromperons pas si nous affirmons que, du point de vue orthodoxe, Krishna est l’un des démons.’ Il a qualifié l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, également connue sous le nom d’Église mormone, de ‘secte occulte néopaïenne grossière aux tendances totalitaires assez graves.’ Quant au prophète de l’islam, Dvorkin affirmait que ‘soit Mahomet souffrait d’une maladie s’agissant d’une vision délirante, soit d’une obsession démoniaque, soit encore une fois, selon les Pères byzantins, qu’il était une sorte de manipulateur qui a tout inventé et, ce à quoi il ne s’attendait pas, c’est que ses proches y ont cru. Mais bien sûr, les trois combinaisons sont également possibles.’ » Dvorkin soutient la politique agressive de la Russie contre l’Ukraine « Dvorkin a également justifié la politique agressive de la Russie contre l’Ukraine, affirmant que des ‘sectes’ avaient infiltré la politique ukrainienne et favorisé des tendances antirusses lors de la Révolution orange de 2004-2005 et de la Révolution de Maïdan de 2014. Il a soutenu, sans équivoque et systématiquement, l’agression russe contre l’Ukraine la même année, en 2014. De 2009 à 2021, la FECRIS était consciente de l’attitude insultante de Dvorkin envers les principales religions non chrétiennes et de son soutien aux violations des droits de l’homme et du droit international par le régime de Poutine. Elle l’a néanmoins maintenu à son poste de vice-président et lui a permis de rester l’un des principaux porte-paroles ide la FECRIS sur le plan international. Le 24 février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine. Une fois de plus, sans équivoque et systématiquement, comme le rapportent de nombreux articles de Bitter Winter, Dvorkin et l’organisation anti-sectes russe dont il est le président, RATsIRS, ont soutenu Poutine et sa guerre en qualifiant les Ukrainiens de ‘nazis’, de ‘satanistes’, voire pire.  Bien sûr, Dvorkin était responsable non seulement de ses déclarations, mais aussi de celles de RATsIRS et de ses agents, qu’il n’a jamais critiquées et qu’il a même souvent relayées sur son site web. Bitter Winter et d’autres médias ont souligné ce soutien. Pourtant, Dvorkin est resté membre de la FECRIS. Même après que, le 11 novembre 2022, 82 universitaires ukrainiens, dont la liste est un véritable concentré d’excellence académique ukrainienne en sciences humaines, ont écrit au président français Macron pour l’exhorter à cesser le soutien des contribuables français à l’organisation. Et ils lui ont de nouveau écrit le 17 février 2023. »  24 février 2023 : La FECRIS tolère toujours l’intolérance de Dvorkin et les politiques pro-Poutine « Le 24 février 2023 marquait le premier anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022. Un an, c’est long, et pourtant la FECRIS n’a pris aucune mesure contre Dvorkin et RATsIRS, si ce n’est des modifications superficielles sur son site web, masquant certaines mentions des affiliés russes et de militants anti-sectes. Pourtant, Dvorkin et les Russes faisaient toujours partie de la FECRIS. » Cela était parfaitement cohérent avec les attitudes passées de la FECRIS. Dvorkin n’avait pas commencé à soutenir la politique russe contre l’Ukraine en 2022. Il avait commencé avant même de devenir vice-président de la FECRIS en 2009 et avait continué jusqu’à la première invasion russe des territoires ukrainiens en 2014. Rien n’a fondamentalement changé en 2022, si ce n’est que les Ukrainiens (d’après les informations que nous avons reçues d’Ukraine, y compris du président Zelensky lui-même) protestaient auprès de la France, mettant en péril la principale source de financement de la FECRIS, et que Bitter Winter et quelques autres médias revenaient sur le sujet. La FECRIS exclut finalement Alexandre Dvorkin « Comme le montrent les échanges de courriers que nous publions, ce n’est que le 24 mars 2023, plus de treize mois après la (deuxième) invasion de l’Ukraine, que la FECRIS a décidé d’exclure Dvorkin et les associations russes. Pour une raison inconnue, la FECRIS n’a informé Dvorkin de sa décision que le 24 avril, par un courrier libellé comme suit : Nous vous informons que l’Assemblée générale du 24 mars 2023 a décidé de vous exclure, ainsi que toutes les associations russes, de la liste des membres, car vos positions ne correspondaient pas aux valeurs fondamentales de la FECRIS. La décision du Conseil d’administration de la FECRIS, confirmée par l’Assemblée générale, est désormais contraignante et définitive. Par conséquent, vous n’êtes plus membre de la Fédération et n’avez donc aucun droit au fonds social. Il n’y a plus de membres ni de correspondants russes à la FECRIS et les associations concernées ne pourront plus mentionner leur appartenance à la FECRIS en vertu de l’article 3 du règlement intérieur. La réponse de Dvorkin, publiée intégralement par Bitter Winter, était furieuse et insultante envers les représentants de la FECRIS, les qualifiant de « lâches et racistes ». Conclusion L’auteur de l’article conclut ainsi : « La conclusion logique est que la FECRIS n’a pas été perturbée par le soutien de Dvorkin et de la RATsIRS à la politique anti-ukrainienne de Poutine et au mépris des droits humains de son régime. La FECRIS l’a toléré en 2009, 2014, puis de nouveau en février 2022, jusqu’en mars 2023. Lorsqu’elle est intervenue, la FECRIS était préoccupée par le risque que les critiques internationales, notamment ukrainiennes, lui fassent perdre ses généreux financements français. »

L’article complet de Massimo Introvigne est disponible ICI.

Note HRWF

(*) En 2009, la FECRIS a organisé une conférence anti-sectes à St Petersbourg avec le Centre pour les études religieuses „St. Irenaée de Lyon“ (Moscou) qui était sponsorisé par l’Université de St Petersbourg et le gouvernment français.

A lire au sujet de la FECRIS

Sympathy for the Devil: The Anti-Cult Federation FECRIS, China, and Russia. 5. FECRIS’ Support of Religious Repression in Russia

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