Les autorités françaises continuent de garder le silence sur les antécédents familiaux des violeurs, très probablement pour éviter une explosion sociale et une victoire écrasante de l’extrême droite aux prochaines élections législatives.
Par Willy Fautré, directeur de Human Rights Without Frontiers
Source : https://hrwf.eu/france-anti-semitic-gang-rape-of-a-12-year-old-jewish-girl-by-teenagers/
HRWF (20.06.2024) – Trois garçons mineurs, âgés de 12 et 13 ans, ont été mis en examen mardi 18 juin pour le viol antisémite d’une jeune fille de 12 ans à Courbevoie, en banlieue parisienne. Ils ont été placés en garde à vue après avoir été arrêtés lundi.
Deux d’entre eux, âgés de 13 ans, ont été mis en examen pour viol collectif, injures et violences à caractère antisémite, ainsi que de menaces de mort. Le troisième garçon, âgé de 12 ans, a également été inculpé pour insultes, violences antisémites et menaces de mort, mais pas pour viol. Il a été autorisé à rentrer chez lui après avoir été inculpé.
L’attaque antisémite a provoqué une onde de choc en France à l’approche des élections législatives qui pourraient porter le Rassemblement national, parti d’extrême droite, au pouvoir pour la première fois.
Ce que l’on sait des faits
L’affaire a débuté samedi soir après les “dénonciations” de la jeune fille, accompagnée de ses parents pour déposer sa plainte. Selon une source policière, la mineure a expliqué avoir été abordée l’après-midi même par trois adolescents et entraînée dans un hangar alors qu’elle se trouvait dans un square proche de son domicile avec une amie dans le quartier d’affaires de La Défense. Elle a affirmé connaître personnellement l’un d’entre eux, qui s’ avère être son ancien petit ami. Les trois garçons l’auraient alors frappée et lui auraient “imposé des pénétrations anales et vaginales, des fellations, tout en proférant des menaces de mort et des propos antisémites”, précise la même source.
Lors de ses premières déclarations aux enquêteurs, la jeune fille a affirmé avoir été traitée de “sale juive”, selon plusieurs sources policières. L’un des adolescents impliqués lui aurait “posé des questions sur son appartenance juive”, lui demandant pourquoi elle n’en parlait pas et lui posant des questions sur Israël, selon les mêmes sources. La victime a alors répondu qu’elle voulait “se protéger” d’une éventuelle agression. Après ces propos antisémites, deux des adolescents présents ont successivement violé la jeune fille, selon les premières déclarations de la victime.
Selon d’autres détails qu’elle a fournis, l’un des agresseurs a filmé la scène. Un autre aurait menacé de la tuer si elle rapportait les faits à la police. La jeune fille a été prise en charge par les pompiers et transportée à l’unité médico-judiciaire de Garches, dans les Hauts-de-Seine, où une expertise gynécologique a confirmé le viol, précise Le Parisien.
Les analystes et commentateurs politiques indépendants sont stupéfaits par le jeune âge des auteurs. Ils estiment que l’influence des médias sociaux dans la couverture de l’attaque du 7 octobre contre Israël par le Hamas et la guerre en cours à Gaza ne peut pas tout expliquer. La plupart d’entre eux se demandent quelle est la nature de l’environnement familial et sociopolitique dans lequel ces adolescents criminels ont été élevés et pourquoi les autorités françaises gardent le silence à ce sujet, soupçonnant qu’elles veulent éviter des confrontations violentes entre plusieurs communautés et une victoire écrasante de l’extrême droite lors des prochaines élections législatives.
Quelques réactions politiques
L’affaire a suscité l’indignation des dirigeants politiques, qui dénoncent un “crime odieux” et un “horrible viol antisémite” à l’approche des élections législatives anticipées qui se tiendront dans le courant du mois.
Le président Macron a parlé avec solennité et gravité du fléau de l’antisémitisme lors d’un conseil des Ministres en début de semaine. Il a demandé à la ministre de l’Education, Nicole Belloubet, de veiller à ce que les écoles organisent dans les prochains jours un dialogue sur les thèmes du racisme et de la haine des Juifs, afin d’empêcher que des “discours haineux aux conséquences graves” ne “s’infiltrent” dans les salles de classe. Plusieurs commentateurs de la vie politique sont d’avis que sa réaction n’est pas à la hauteur de la gravité des faits car il est de plus en plus difficile et dangereux pour les enseignants de parler de l’Holocauste, de l’extrémisme, du terrorisme et de l’antisémitisme en classe. Tout le monde se souvient du meurtre de Samuel Paty le 16 octobre 2020 par un réfugié musulman tchétchène de 18 ans qui l’a décapité dans la rue à l’aide d’un hachoir. Une campagne sur les médias sociaux contre Paty a été à l’origine de son assassinat.
Le Premier ministre Gabriel Attal a adressé une pensée à la victime et à ses proches et a déclaré : “Ce qui s’est passé est absolument ignoble, insupportable, inqualifiable. J’appelle vraiment tous les responsables politiques à mettre des barrières sur la question de l’antisémitisme”.
La dirigeante politique de l’opposition, Marine Le Pen, du parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), a attaqué “l’extrême gauche” et sa “stigmatisation des Juifs au cours des derniers mois par l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien”. Le dirigeant de la campagne électorale actuelle du RN, Jordan Bardella, a appelé à un “combat” contre “l’antisémitisme qui s’est abattu sur la France depuis le 7 octobre”, en référence aux attaques du Hamas contre Israël.
Jean-Luc Mélenchon, le dirigeant du parti d’extrême gauche La France Insoumise (LFI), de plus en plus accusé par ses adversaires politiques et les commentateurs politiques concernant ses propos ambigus sur l’antisémitisme et ses déclarations controversées sur le conflit israélo-palestinien, s’est dit “horrifié par le viol”, le racisme antisémite et le comportement criminel des hommes depuis leur plus jeune âge. Pourtant, il est de plus en plus visé, y compris au sein de son parti, pour son positionnement.
François Ruffin, député frondeur de la Somme et l’une des figures de proue du Nouveau Front populaire créé dans l’urgence par des partis d’extrême gauche (La France Insoumise, Parti communiste…), les Ecologistes, le Parti socialiste de l’ancien président François Hollande, s’est lui aussi indigné sur les réseaux sociaux d’un “horrible viol antisémite sur une enfant”.
À la veille des élections législatives anticipées à deux tours qui se tiendront le 30 juin et le 7 juillet, les sondages actuels donnent respectivement 35 % d’intentions de vote en faveur de la coalition des partis et candidats d’extrême droite et 28 % pour la coalition des partis d’extrême gauche et de gauche. Le parti du président Macron ne recueillerait que 18 %.