CAP-LC a déposé une déclaration écrite, détaillant les procès en diffamation que la FECRIS et les organisations affiliées ont perdus et demandant à la France de cesser de les soutenir.
Source : Bitter Winter
Les lecteurs de Bitter Winter connaissent bien la FECRIS (Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur les sectes et les cultes), une organisation sommitale créée en 1994 pour regrouper les associations anti-sectes de plusieurs pays européens (et de certains pays non européens). Nous avons reproché à la FECRIS, entre autres, de soutenir l’horrible persécution du Falun Gong et d’autres mouvements religieux, effectuée par la Chine. La FECRIS promeut l’idéologie anti-sectes, ce qui a été reconnue en 2020 par un document de l’USCIRF (Commission U.S. pour la liberté internationale de religion) comme une menace majeure pour la liberté de religion ou de croyance.
CAP-LC (Coordination des Associations et des Particuliers pour la Liberté de Conscience), une ONG dotée d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC (Conseil Economique et Social) des Nations Unies, un statut identique à celui dont bénéficie la FECRIS, vient de déposer une déclaration écrite à la 47ème session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, qui a été publiée le 21 juin et demande à la France de cesser son soutien à la FECRIS.
CAP-LC s’inquiète de la réorganisation de la mission gouvernementale française de lutte contre les sectes, la MIVILUDES, désormais placée sous la tutelle de la ministre déléguée à la Citoyenneté au ministère de l’Intérieur, Marlène Schiappa. Celle-ci a décuplé le budget actuel de la MIVILUDES, le portant à 1 million d’euros par an, rapporte CAP-LC, et a annoncé « que ce million sera affecté à des initiatives qui seraient menées par des associations de lutte contre les sectes, à savoir le CCMM et l’UNADFI, » tous deux affiliés à la FECRIS.
CAP-LC note que le CCMM et l’UNADFI se présentent eux-mêmes comme des ONG mais sont en fait des GONGO (Associations gouvernementales non-gouvernementales), puisque 90% de leur financement provient du gouvernement français. Des représentants de ces deux organisations affiliées à la FECRIS ont été inclus dans le nouveau Comité d’orientation de la MIVILUDES. La FECRIS est enregistrée en France et est également financée directement par le gouvernement français.
Déclaration de CAP-LC
Le problème, affirme le CAP-LC, est que, plutôt que de fournir des informations objectives sur les groupes qu’elle qualifie péjorativement de « sectes », la FECRIS et les organisations affiliées diffusent constamment des fausses nouvelles et de la diffamation. Ceci, selon le CAP-LC, n’est pas seulement l’opinion des militants des droits de l’homme, puisque la FECRIS, les organisations affiliées et leurs dirigeants ont été fréquemment condamnés pour diffamation.
« L’ancien vice-président de la FECRIS et membre du conseil d’administration du groupe autrichien GSK a été condamné à plusieurs reprises pour diffamation » contre l’Église chrétienne de Brunstad (connue en Autriche sous le nom d’« Église norvégienne »). CAP-LC rapporte également que la Pro Juventud, aujourd’hui AIS, un groupe espagnol affilié à la FECRIS, a été reconnu en 1999 par la Cour européenne des Droits de l’Homme, dans l’affaire Ribera Blume et autres contre l’Espagne, comme ayant la « responsabilité directe et immédiate » d’une affaire de déprogrammation impliquant l’enlèvement et l’emprisonnement de membres d’un groupe religieux dans le but de les « dé-convertir » de leur religion, une pratique qui a été sanctionnée comme un crime grave par les tribunaux de plusieurs pays au monde. Deux membres de la SADK, une organisation suisse affiliée à la FECRIS, note CAP-LC, ont également été impliqués en 1990 dans une affaire de déprogrammation d’un membre du mouvement Hare Krishna en Suisse, qui a abouti à des condamnations pénales.
« Dans un jugement définitif rendu le 19 décembre 2001 par le tribunal d’État de Munich, poursuit CAP-LC, le fondateur de Sect-info Essen, le groupe FECRIS allemand a reçu l’ordre de cesser de dire ou de diffuser une grande variété de mensonges sur Takar Singh ([le chef de] un groupe religieux oriental), faute de quoi il serait condamné à une amende pouvant atteindre 500 000 DM et, à défaut de paiement, à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 6 mois. »
L’UNADFI française et les organisations affiliées locales (ADFI) ont également été condamnées à plusieurs reprises pour diffamation, selon CAP-LC. « Le 15 janvier 1997, la cour d’appel de Douai a condamné le président de l’ADFI Nord pour diffamation à l’égard de l’Association culturelle des Témoins de Jéhovah en France. Le 29 mars 2002, le tribunal correctionnel de Marseille a condamné un membre connu de l’UNADFI et de la FECRIS, pour diffamation envers l’association des Témoins de Jéhovah. Le 20 novembre 2001, le tribunal correctionnel de Paris a condamné le président de l’UNADFI pour diffamation publique envers un membre de l’Église de Scientology. Le 5 février 2003, la Cour d’appel de Paris a confirmé ce jugement. En novembre 2015, l’UNADFI a été condamnée par la Cour d’appel de Paris pour « abus de procédure judiciaire », pour s’être portée partie civile, et avoir persisté illégalement et de mauvaise foi à se constituer partie civile contre l’Église, alors que l’UNADFI savait parfaitement que cette action était irrecevable, son seul but étant de « nuire à l’Église et d’influencer illégalement la procédure judiciaire en cours ». Cette condamnation a été confirmée par la Cour de cassation le 12 janvier 2017. »
CAP-LC mentionne également que le 27 mars 1992, la Cour fédérale administrative suprême d’Allemagne a déclaré qu’en raison de ses « critiques malveillantes » des mouvements religieux, une organisation locale affiliée à la FECRIS ne pouvait pas être soutenue financièrement par le gouvernement.
CAP-LC rappelle à la France les conclusions du rapport de l’USCRIF et demande au gouvernement français d’exclure du Conseil d’orientation de la MIVILUDES, les représentants des organisations locales affiliées à la FECRIS, et de cesser de financer la FECRIS et les organisations françaises affiliées.
CAP-LC mentionne également la décision historique du tribunal de district de Hambourg du 27 novembre 2020, qui a déclaré que la FECRIS elle-même, plutôt que seulement ses organisations affiliées, était directement coupable de 18 chefs d’accusation d’« allégations factuelles mensongères contre les Témoins de Jéhovah ».
Cette décision, que j’ai examinée dans Bitter Winter, mérite une dernière remarque. La FECRIS avait sagement gardé le silence sur la décision de Hambourg. Ce n’est qu’après ma critique dans Bitter Winter qu’elle a publié un communiqué de presse dans lequel elle affirmait avoir « gagné » l’affaire de Hambourg. Cette affirmation a été répétée par certains affiliés de la FECRIS dans différents pays, mais il ne s’agit que d’une tentative de jeter de la poudre aux yeux de ceux qui n’ont pas lu la décision.
Étant donné que les Témoins de Jéhovah avaient affirmé que 32 déclarations de la FECRIS étaient diffamatoires, et que le tribunal en a jugé 17 diffamatoires, une partiellement diffamatoire et 14 non diffamatoires, la FECRIS a affirmé qu’elle avait « gagné » le procès puisque les 14 déclarations déclarées non diffamatoires étaient « essentielles », et que les 18 points pour lesquels elle a été condamnée étaient « accessoires ».
Le tribunal n’a pas fait de distinction entre « essentiel » et « accessoire », mais ce qu’il a fait, c’est de déclarer clairement le gagnant en condamnant la FECRIS à verser de l’argent aux Témoins de Jéhovah, plutôt que l’inverse.
Le communiqué de presse de la FECRIS a également donné la fausse impression que la Cour de Hambourg avait validé la véracité des 14 déclarations qu’elle avait considérées comme non diffamatoires. En fait, la Cour elle-même avait mis en garde contre une telle interprétation, en notant qu’en droit allemand « les expressions d’opinion bénéficient d’une protection étendue. En conséquence, les opinions inexactes bénéficient également de cette protection ». Un exemple clair d’une « opinion inexacte », considérée comme non diffamatoire, que la FECRIS mentionne dans sa déclaration, comme si les juges de Hambourg en avaient confirmé la véracité, est que « toutes les allégations de persécution des Témoins de Jéhovah en Russie ne sont que de la propagande primitive ».
Bien sûr, la FECRIS a nommé comme vice-président Alexander Dvorkin, le principal architecte de la persécution des Témoins de Jéhovah en Russie. Cependant, seule une propagande russe « primitive » peut prétendre que les Témoins de Jéhovah ne sont pas victimes en Russie d’une persécution qui a été dénoncée comme telle par l’Union européenne, les États-Unis, les Nations Unies, la Cour européenne des Droits de l’Homme et plusieurs gouvernements européens (dont l’Allemagne).
La FECRIS répondra probablement au rapport déposé au Conseil des Droits de l’Homme en attaquant CAP-LC. Tirer sur le messager est une spécialité de la FECRIS, mais elle devrait se souvenir du dicton du philosophe marxiste italien Antonio Gramsci selon lequel ce n’est pas en cassant le baromètre que l’on élimine le mauvais temps.
Ils peuvent également répondre qu’ils ont gagnés certains procès, soit parce que leurs déclarations ont été considérées comme non diffamatoires (mais n’oubliez pas que « non diffamatoires » ne veut pas dire « vraies »), soit parce qu’ils ont poursuivi avec succès pour diffamation ou insultes des groupes religieux qui ont perdu leur sang-froid et les ont traités d’inquisiteurs, de nazis ou pire encore.
Mais là n’est pas la question. La France soutient la FECRIS et ses affiliés et elle demande à ses représentants de conseiller le gouvernement parce qu’elle les reconnaît comme des « experts » des « sectes ». Si, dans plusieurs cas, ils ont été reconnus coupables de diffusion de fausses nouvelles et de diffamation, leur crédibilité en tant qu’« experts » est détruite, quel que soit le nombre de fois où ils ont échappé de justesse à une condamnation ou gagné des procès contre des mouvements religieux qui, las de tendre l’autre joue, ont riposté.
Traduction CAP LC