L’Union européenne, la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Australie  ainsi que tous les pays et les ONG qui critiquent la République populaire de Chine sont actuellement victimes de la vindicte des diplomates chinois appelés par Pékin les « loups guerriers ».

Le régime de Pékin ne supporte ni critique, ni remise en question de sa gestion des Droits de  l’Homme comme, parmi d’autres, la répression des Ouighours au Xinjiang.

Xi Jinping utilise les anciennes méthodes staliniennes en déclarant que  «L’UE n’a pas le droit de faire de leçon à la Chine sur les droits de l’homme. Elle doit méditer sur ses erreurs et les corriger».

Le 4 mars dernier, un incident s’est déroulé dans l’enceinte des Nations Unies à Genève en marge du dialogue interactif avec le Rapporteur Spécial pour la Liberté de Religion et le Croyance. En effet,  lors de la 46ème session du Conseil des Droits de l’Homme, le « loup guerrier » de la délégation de la République populaire de Chine s’en est pris à M. Ahmed Shaheed, le Rapporteur Spécial pour la Liberté de Religion et de Croyance et à une ONG :

Lors de cette 46ème session du Conseil des Droits de l’Homme, M. Ahmed Shaheed a présenté son rapport « Countering Islamophobia/Anti-Muslim Hatred to Eliminate Discrimination and Intolerance Based on Religion or Belief ».

Dans son rapport le Rapporteur spécial dénonce la politique de la Chine vis-à-vis de la communauté musulmane Ouighour :

« – En Chine, les récits populaires sur les médias sociaux soulignent l’incompatibilité des identités musulmanes avec le fait d’être Chinois et prétendent que les initiatives de l’État visant à dépouiller les femmes musulmanes de leur identité religieuse servent à « sauver » les femmes musulmanes de leurs vies supposées être des vaisseaux de la reproduction musulmane.

– La Chine a nommé des imams pour sa minorité Ouïgour depuis 1990.

– Les rapports soulignent également que les acteurs étatiques dans les États à majorité musulmane ont détruit des sites religieux appartenant aux communautés musulmanes minoritaires.

– Les rapports soulignent également que la Chine a fermé des centaines d’écoles de langue arabe et d’écoles islamiques, que près d’un demi-million d’enfants – principalement ouïghours – ont été placés de force dans des internats et que des érudits islamiques ont été emprisonnés.

– En Chine, des allégations ont émergé selon lesquelles les femmes Ouïghours sont systématiquement violées, abusées sexuellement et torturées dans les camps dits de « rééducation » de la province du Xinjiang. »

Dans sa réponse (vidéo 1), le délégué représentant de la République populaire de Chine a déclaré que le rapport était faux et que le Rapporteur spécial diffusait de fausses informations dans les médias, et que son rapport n’était pas basé sur des faits. La délégation a mis en cause le professionnalisme et l’éthique du Rapporteur spécial, disant qu’il était à la solde de forces anti -chinoises et demandant au Conseil des Droits de l’Homme de prendre des mesures.

Le délégué chinois, fait rarissime, a été interrompu dans sa diatribe contre le Rapporteur spécial par la Présidente du Conseil des Droits de l’Homme pour un rappel à l’ordre concernant les règles de bienséance devant être respectées par tous les participants du Conseil des Droits de l’Homme.

En effet, la Présidente a déclaré qu’elle ne pouvait pas permettre de telles remarques à l’encontre du Rapporteur spécial. Elle a souligné que les propos de la délégation étaient inacceptables et que chacun avait le droit d’exprimer son point de vue, mais qu’aucune attaque personnelle contre un représentant officiel de l’ONU ne pouvait être tolérée.

Ensuite (vidéo 2), lors de la session de l’inter-dialogue entre le Rapporteur spécial et les ONG, le délégué chinois  a de nouveau interrompu la session pour demander la parole : il s’en est pris cette fois à une ONG qui avait dénoncé le « génocide » contre les Ouighours au Xinjiang.

Notre organisation ainsi que toutes les ONG qui dénoncent depuis des années les violations des Droits de l’Homme sont coutumières des interventions et des intimidations de la délégation de la République populaire de Chine.

Comme l’a stipulé  « Human Rights Watch » dans son rapport de 2017(1) : “Les autorités chinoises ont harcelé des militants, principalement des Chinois, en les photographiant et en les filmant dans les locaux des Nations unies, en violation des règles de l’ONU, et en limitant leurs déplacements à Genève. La Chine s’est servie de son statut de membre du Comité des ONG du Conseil économique et social (ECOSOC) pour empêcher les ONG qui critiquent la Chine d’obtenir une accréditation auprès de l’ONU, et elle a cherché à mettre sur une liste noire les militants accrédités afin de les empêcher d’assister aux réunions. En coulisses, des diplomates chinois, en violation des règles de l’ONU, ont pris contact avec le personnel de l’ONU et les experts des organes de traités et des procédures spéciales (experts indépendants chargés de questions spécifiques relatives aux droits de l’homme), adoptant un comportement qui s’apparente parfois à du harcèlement et de l’intimidation.”

Jusqu’à quand et comment le monde occidental pourra tenir tête face à la montée en intensité de cette diplomatie « non diplomatique » de la part de la Chine dans ses relations internationales ?

(1) https://www.hrw.org/report/2017/09/05/costs-international-advocacy/chinas-interference-united-nations-human-rights