HRWF (09.06.2022) – Depuis des années, la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme), une fédération basée en France[i] regroupant des associations membres et des correspondants dans plus de 40 pays, a été dénoncée à plusieurs reprises pour ses relations étroites et dangereuses avec des branches et des acteurs extrémistes de l’Eglise orthodoxe russe dirigée par le controversé Patriarche Kirill fortement critiqué pour son soutien total à la guerre de Poutine contre l’Ukraine.

La FECRIS comptait parmi ses membres et correspondants un grand nombre d’associations russes, toutes dirigées par le Centre d’études religieuses de Saint Irénée de Lyon. Elle incluait le RATSIR (Russian Association of Cent[ii]ers for the Study of Religions and Sects) et toutes ses associations affiliées. Nombre d’entre elles, qui étaient des organisations missionnaires orthodoxes et des groupes opposés aux personnes LGBT et aux mariages homosexuels, étaient directement dirigées par l’Église orthodoxe russe[iii].

Alexander Dvorkin, ancien vice-président de la FECRIS

De 2009 à 2021, Alexander Dvorkin, directeur du Centre d’études religieuses de Saint Irénée de Lyon, a été vice-président de la FECRIS. Depuis 2021, il continue de siéger au conseil d’administration.

Dvorkin, au nom de la FECRIS, a été un architecte clé de la répression des minorités religieuses en Russie et au-delà, en même temps qu’il diffusait sa propagande antireligieuse et sa désinformation dans d’autres pays[iv], y compris jusqu’en Chine[v].

Dvorkin a été un moteur de la propagande anti-occidentale du Kremlin pendant des années, et a directement et publiquement attaqué les institutions démocratiques de l’Ukraine après les manifestations de l’Euromaidan, les accusant d’être membres de sectes (baptistes, évangéliques, gréco-catholiques, païens et scientologues) utilisées par les services secrets occidentaux pour nuire à la Russie[vi].

Au cours des quatre premières semaines de la guerre en Ukraine, les associations russes de la FECRIS ont soutenu activement la guerre et travaillé ouvertement avec les forces de l’ordre russes pour recueillir des informations sur toute personne qui s’y opposerait ou même simplement partager des informations sur les victimes en Ukraine[vii]. Parallèlement, la Russie a promulgué une loi qui prévoit une peine de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans pour toute personne « discréditant les forces armées », ce qui inclut le fait de parler de « guerre » au lieu du terme officiel russe, « opération militaire spéciale ».

En avril, les organisations russes membres de la FECRIS ont été discrètement retirées de son site web.

Jusqu’à présent, aucune mesure disciplinaire n’a été prise à l’encontre de Dvorkin et/ou des associations russes de la FECRIS. Il faut comprendre que la FECRIS connaît l’idéologie et les actions de ses membres russes depuis des années, et a continué à les soutenir, malgré tout. En avril 2022, tout à coup, après la publication d’une série d’articles sur la FECRIS et ses connexions russes, toutes les organisations russes ont disparu de la liste des organisations membres du site web de la FECRIS. Un membre du conseil d’administration de la FECRIS a répondu à une demande privée d’un universitaire que l’organisation avait été « expulsée » ou « suspendue » en mars. Cependant, aucune communication officielle n’a été publiée (au 6 avril) à ce sujet, et le site web du Centre d’études religieuses de Saint Irénée de Lyon (au 6 avril) continue d’indiquer que le Centre est membre de la FECRIS.

Plus important encore, cette suppression « clandestine » des noms russes de la liste des membres ne s’est accompagnée d’aucune autocritique du soutien que la FECRIS continue d’apporter depuis des décennies à la répression russe des minorités religieuses, ni d’aucune reconnaissance de la nature antidémocratique de l’idéologie que la FECRIS et son vice-président de l’époque, Dvorkin, n’ont cessé de propager lors des événements organisés par la FECRIS et sous le label FECRIS.

Dvorkin et d’autres membres de la FECRIS russe ont été impliqués dans la propagande constante de l’Eglise orthodoxe russe sous le patriarche Kirill, qui a préparé le terrain et justifié la guerre actuelle en Ukraine, comme une guerre contre la décadence occidentale et une guerre pour protéger les valeurs spirituelles russes[viii].

D’autre part, au fil des ans, la FECRIS et ses associations membres ont accumulé un grand nombre de condamnations civiles et pénales pour leurs actions qui diffament les religions minoritaires et diffusent des discours de haine à leur encontre[ix].

La FECRIS en tant qu’entité doit être tenue responsable des activités de ses associations membres russes pour les raisons suivantes :

Alors que la FECRIS alertée depuis des années de l’idéologie et des actions scandaleuses d’Alexander Dvorkin et des associations membres russes, elle a maintenu Dvorkin dans son conseil d’administration, qui l’a élu deux fois comme vice-président, et a soutenu les associations depuis le début, n’ayant jamais pris de mesures disciplinaires contre aucune d’entre elles.

En fait, la FECRIS a activement collaboré en tant qu’entité avec les autorités russes pour déclencher la répression des minorités religieuses depuis 2009 déjà.

L’idéologie et la méthodologie de la FECRIS, en tant que principe, consistent à utiliser les gouvernements autoritaires pour déclencher des mesures de répression contre les communautés religieuses qu’elle stigmatise comme des sectes ou des cultes dangereux, sans aucun égard pour leur dignité humaine, leur liberté de conscience et d’autres droits humains fondamentaux.

Plus d’information en français :

L’idéologie anti-sectes et la FECRIS : Dangers pour la liberté religieuse. Un livre blanc Bitter Winter

Des liaisons dangereuses : La Fédération anti-sectes FECRIS et son soutien à la repression de la religion en Russie et en Chine Le journal du CESNUR

[i] FECRIS was created in 1994 by a French anti-cult association named UNADFI and receives all of its funding from the French government while its member associations may receive funding from their own governments, including in Russia through the Russian Orthodox Church.

[iii] Article on EIFRF website https://www.eifrf-articles.org/Why-FECRIS-should-be-held-responsible-for-its-Russian-members-activities_a238.html

[iv] USCIRF report, 2020, “The Anti-cult Movement and Religious Regulation in Russia and the Former Soviet Union” https://www.uscirf.gov/sites/default/files/2020%20Anti-Cult%20Update%20-%20Religious%20Regulation%20in%20Russia.pdf

[v] “USCIRF Exposes European “Experts” Who Support CCP Campaigns Against ‘Cults’”, an article by Massimo Introvigne https://bitterwinter.org/uscirf-exposes-who-support-ccp-campaigns/

[vi] How the anti-cult movement has participated to fuel Russian anti-Ukraine rhetoric, an article by Jan-Leonid Bornstein https://www.europeantimes.news/2022/03/how-the-anti-cult-movement-has-participated-to-fuel-russian-anti-ukraine-rhetoric/

[vii] Anti-cult movement hunting pacifists for police in Russia: Back in the USSR, an article by Jan-Leonid Bornstein https://www.europeantimes.news/2022/03/anti-cult-movement-hunting-pacifists-for-police-in-russia-back-in-the-ussr/

[viii] Article on EIFRF website https://www.eifrf-articles.org/Why-FECRIS-should-be-held-responsible-for-its-Russian-members-activities_a238.html

[ix] “FECRIS and affiliates: Defamation is in their DNA”, an article by Willy Fautré, director and co-founder of Human Rights Without Frontiers International https://freedomofbelief.net/articles/a-roundup-of-convictions-collected-by-fecris-in-europe

Photo: Alexander Dvorkin, Vice-president of the FECRIS, with a russian orthodox priest. Source: rebelles-le-mag.com

Source : https://hrwf.eu/russia-fecris-russia-patriarch-kirill-of-moscow-and-the-war-on-ukraine/