Source : https://hrwf.eu/russia-human-rights-activists-call-for-indictment-of-russian-patriarch-kirill/

 

LA GUERRE EN UKRAINE RAPPORT

LE PATRIARCHE CYRILLE DE MOSCOU ET TOUTE LA RUSSIE S’EST RENDU COMPLICE DE CRIMES DE GUERRE ET DE CRIMES CONTRE L’HUMANITE PERPETRES EN UKRAINE

Contribution de HRWF à l’enquête de la Cour pénale internationale sur la potentielle responsabilité pénale du Primat de l’Eglise Orthodoxe Russe

  • Comment le Patriarche Cyrille a-t ‘il aidé, incité et activement contribué à la commission de ces crimes ?
  • Contexte :

Le concept du « Monde Russe » : Collusion entre le Président Poutine et l’Eglise Orthodoxe Russe Un appel à l’expansionnisme spirituel et à l’éradication des « Forces du Mal »

  • Conclusions

Willy Fautré, directeur

Patricia Duval, avocate

21 avril 2022

Human Rights Without Frontiers, ONG basée à Bruxelles, appelle le Procureur de la Cour pénale internationale, Karim A. A. Khan QC, à retenir la responsabilité personnelle de et à poursuivre Vladimir Mikhaïlovitch Goundiaïev, connu comme le Patriarche Cyrille de Moscou et toute la Russie,

Pour avoir inspiré, incité, justifié et apporté son aide, son concours ou toute autre forme d’assistance à la commission de crimes de guerre (Art. 8 du Statut de Rome) et de crimes contre l’humanité (Art. 7) qui ont été ou sont perpétrés par les forces armées russes en Ukraine.

La Cour pénale internationale (ICC) recueille actuellement des preuves de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité commis en Ukraine, et cherche à identifier les auteurs et établir les responsabilités pour ces crimes.

Une éventuelle poursuite contre le Patriarche Cyrille est couverte par l’article 25 du Statut de Rome – Responsabilité pénale individuelle – qui prévoit :

3. Aux termes du présent Statut, une personne est pénalement responsable et peut être punie pour un crime relevant de la compétence de la Cour si :

(…)

c) En vue de faciliter la commission d’un tel crime, elle apporte son aide, son concours ou toute autre forme d’assistance à la commission ou à la tentative de commission de ce crime, y compris en fournissant les moyens de cette commission ;

Le 7 avril 2002, le Parlement européen a adopté une Résolution sur « la répression croissante en Russie, y compris le cas d’Alexeï Navalny », dans laquelle il a condamné le rôle du Patriarche Cyrille de Moscou dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine : Le Parlement européen

«  Condamne le rôle du patriarche Cyrille de Moscou, chef de l’Église orthodoxe russe, pour avoir fourni une couverture théologique à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine; loue le courage des 300 prêtres de l’Église orthodoxe russe qui ont signé une lettre condamnant l’agression, pleurant le calvaire du peuple ukrainien et demandant ‘d’arrêter la guerre’; »1

I – COMMENT LE PATRIARCHE CYRILLE A-T-IL AIDE, INCITE ET ACTIVEMENT CONTRIBUE A LA COMMISSION DE CES CRIMES ?

Le 24 février 2022, le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a ordonné à son armée de traverser les frontières du nord, de l’est et du sud de l’Ukraine, état souverain, à l’encontre de la volonté de son peuple et de son gouvernement.

Nous avons réuni un certain nombre de déclarations publiques faites par le Patriarche Cyrille avant et pendant « l’opération spéciale » des forces russes en Ukraine, par lesquelles il a encouragé et soutenu l’invasion de l’Ukraine et les crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui s’en sont suivis.

Le 23 février 2022, un jour avant l’invasion de l’Ukraine, le Patriarche Cyrille de Moscou et toute la Russie a félicité le Président Vladimir Poutine lors de la Journée du Défenseur de la Patrie, selon un message mis en ligne sur le site web de l’Eglise Orthodoxe Russe :

« Je vous félicite cordialement en cette journée du Défenseur de la Patrie… Je vous souhaite une bonne santé, la paix de l’esprit et une grande aide du Seigneur pour votre haute tâche et responsabilité au service du peuple russe. »

« L’Eglise orthodoxe russe a toujours cherché à apporter une contribution significative à l’éducation patriotique de nos compatriotes, et voit dans le service militaire une manifestation active de l’amour évangélique pour nos voisins, un exemple de loyauté aux idéaux moraux élevés de la vérité et du bien. »2

Le 27 février 2022, après le début de l’invasion de l’Ukraine, durant un sermon3 prononcé à la Cathédrale du Christ le Sauveur à Moscou, le Patriarche a béni les soldats russes qui combattent pour le Monde Russe et la Sainte Russie en Ukraine :

« Que le Seigneur protège la terre russe […] la terre dont font partie aujourd’hui la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, d’autres tribus et d’autres peuples »

Le Patriarche a fustigé ceux qui combattent l’unité historique de la Russie et de l’Ukraine, en les qualifiant de « forces du mal ».

Il a enfin prié Dieu pour que les ennemis de la Sainte Russie soient vaincus :

« Que Dieu nous préserve que la situation politique présente chez notre sœur l’Ukraine si proche de nous vise à ce que les forces du mal qui ont toujours lutté contre l’unité de la Russie et de l’Eglise Russe prennent le dessus » a-t -il dit.

En qualifiant les défenseurs ukrainiens de « forces du mal », le Patriarche Cyrille a donné sa bénédiction et une justification canonique à « l’opération spéciale » de Vladimir Poutine en Ukraine et aux massacres qui s’en sont suivis.

Dans l’argumentation du Patriarche Cyrille, la raison pour laquelle les Ukrainiens doivent être considérés comme des forces du mal est qu’ils soutiendraient les mœurs décadentes importées de l’Occident.

Le 6 mars 2022, durant son sermon du Dimanche du Pardon4, il a abordé l’opération militaire russe en Ukraine en ces termes :

Durant huit ans, il y a eu des tentatives de destruction de ce qui existe dans le Donbass. Et dans le Donbass il y a un rejet, un rejet fondamental des soi-disant valeurs qui sont proposées aujourd’hui par ceux qui revendiquent le pouvoir mondial. Il existe un critère aujourd’hui pour tester la loyauté de ce gouvernement, une sorte de passeport pour ce monde « heureux », le monde de la consommation excessive, le monde de la « liberté » apparente. Savez-vous ce qu’est ce critère ? Le critère est simple et en même temps terrible – c’est une parade LGBT. Les nombreuses demandes de parades LGBT sont un test de loyauté à ce monde super puissant ; et nous savons que si des peuples ou des pays rejettent ces demandes, alors ils ne peuvent plus entrer dans ce monde-là, ils en deviennent des étrangers.

Il a ensuite expliqué que le Monde Russe et la Sainte Russie ne toléreront jamais sur leur sol ceux qui soutiennent ou tolèrent une telle civilisation décadente :

« Nous ne condamnons personne, nous n’invitons personne à monter sur la croix, nous nous disons simplement : nous serons fidèles à la parole de Dieu, nous serons fidèles à Sa loi, nous serons fidèles à la loi de l’amour et de la justice, et si nous voyons une violation de cette loi, nous ne tolérerons jamais ceux qui détruisent cette loi, y compris ceux qui brouillent la frontière entre la sainteté et le péché, et encore plus ceux qui incitent au péché », selon le Patriarche.

Et il a ajouté : « Tout ceci indique que nous sommes entrés dans une lutte qui n’est pas physique, mais qui a une signification métaphysique. »

Le Patriarche considère donc que le Donbass et autres territoires ukrainiens « appartenant » à la « Sainte Russie »5 devraient être purifiés de leurs ennemis, à savoir ceux qui soutiennent les valeurs occidentales décadentes.

Plus loin dans son sermon du 6 mars, le Patriarche de toute la Russie a appelé à combattre pour « le salut de l’homme » :

« Donc, ce qui se passe aujourd’hui dans le domaine des relations internationales n’a pas seulement une signification politique. Nous parlons d’autre chose, qui est beaucoup plus important que la politique. Nous parlons du salut de l’homme, de l’endroit où l’humanité va finir, de quel côté de Dieu le Sauveur, qui est venu dans le monde comme Juge et Créateur, à sa droite ou à sa gauche. »

En particulier, le peuple du Donbass s’est battu pour protéger sa foi :

« Aujourd’hui, nos frères du Donbass, peuple orthodoxe, souffrent indiscutablement et nous ne pouvons que les soutenir, premièrement par nos prières. Il est nécessaire de prier pour que notre Seigneur les aide à préserver leur foi orthodoxe, à ne pas succomber aux tentations. »

En somme, le Patriarche Cyrille a soutenu « l’opération » de Poutine en Ukraine en l’assimilant à une purification de l’Ukraine, une opération de nettoyage spirituel et une croisade religieuse.

La proximité de l’Eglise Orthodoxe Russe (Russian Orthodox Church, ROC) et le Kremlin n’est néanmoins pas seulement physique, car ils ne sont qu’à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, mais également politique, géopolitique et spirituelle.

Dans un long article intitulé « La loi, les droits et les règles », publié dans le magazine Diplomat le 4 juillet 2021, Sergey Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, a critiqué la «  propagande agressive LGBT » de « l’Europe éclairée », l’interférence des Etats-Unis dans les affaires de l’Eglise, « cherchant ouvertement à diviser le monde orthodoxe, dont les valeurs sont considérées comme une puissante barrière spirituelle contre le concept libéral de liberté sans limites ».6

De nombreuses fois, le Patriarche Cyrille a présenté le Président Poutine comme le seul défenseur de la Chrétienté dans le monde, et même comme le sauveur des Chrétiens en Syrie après qu’il a envoyé ses troupes au soutien de Bashar al-Assad et de son régime.7

II – CONTEXTE

Le Monde Russe : Collusion entre le Président Poutine et la ROC

Le rapprochement entre la ROC et l’Etat russe est né sur les cendres du Communisme dans les années 90, après soixante-dix ans de politique anticléricale. En 1989, au temps de la Perestroika de Gorbatchev, Vladimir Mikhaïlovitch Goundiaïev, nom civil du Patriarche Cyrille, a été nommé Président du Département des Relations extérieures du Patriarcat de Moscou.

Il a rempli ces fonctions pendant vingt ans et a ainsi pu mettre en œuvre son projet de restauration de l’ancienne gloire de l’Eglise en étendant son influence non seulement dans la société et la politique russe, mais aussi sur la scène internationale.

Il a bâti un réseau d’influence qui a alors attiré l’attention de Vladimir Poutine quand il est arrivé au pouvoir en l’an 2000. Pour Poutine, la sphère d’influence du Patriarche semblait être la seule chose restant de l’ancien Empire soviétique.

A ses yeux, Cyrille était le seul acteur de pouvoir dans le pays capable de s’adresser au Monde Russe (Russki Mir), qu’il essaiera de reconquérir plus tard par la voie des armes. Une sorte de marché fut passé. Vladimir Poutine soutiendrait la restauration de la gloire de l’Eglise et la construction de nombreux édifices religieux, tandis que Cyrille lui donnerait des relais diplomatiques et le soutien du peuple russe.

Dans le Russian National Security Concept (concept de sécurité nationale russe) élaboré en l’an 2000, l’Administration Poutinienne a expliqué :

« La garantie de la sécurité nationale russe implique aussi la protection de l’héritage culturel et spirituel-moral et des traditions et standards historiques de la vie publique, et la préservation de l’héritage culturel de tous les peuples russes. Il est nécessaire d’avoir une politique étatique visant à maintenir le bien-être spirituel et moral de la population, à interdire l’utilisation des temps d’antenne pour la promotion de la violence ou des plus bas instincts, et à contrecarrer l’impact négatif des organisations religieuses et missionnaires étrangers. »8

Le concept de Sécurité Spirituelle dans sa dimension intérieure signifiait la protection de la ROC, en particulier contre les minorités religieuses nouvellement venues en Russie et perçues comme des concurrentes de la ROC. Dans sa dimension extérieure, la « sécurité spirituelle » nécessitait la construction d’une sphère civilisationnelle d’influence – de l’espace culturel (spirituel) russe, le « Russkiy mir ».

En 2007, un Décret de Vladimir Poutine a créé la Fondation Russki Mir dans le but de « reconnecter la communauté russe à l’étranger avec leur mère patrie, en forgeant des liens nouveaux et plus forts à travers des programmes et des échanges culturels et sociaux, et une aide à la réinstallation ». La fondation est très active à l’étranger, entre autres à travers les « Centres Culturels Russes », qui sont destinés à diffuser la langue et la culture russe « comme des éléments importants de la civilisation mondiale ».9

En novembre 2007, le ministre des affaires étrangères Lavrov a présenté certains éléments de la coopération entre le ministère des affaires étrangères (MFA) et l’Eglise durant une conférence de presse tenue après la dixième réunion du Groupe de Travail sur l’Interaction MFA-ROC. Selon Lavrov, « les valeurs orthodoxes forment la base de la culture et la souveraineté russe » et « l’Eglise s’engage à remplir les mêmes tâches que la diplomatie ».10

En 2009, la Fondation Russki Mir et la ROC ont signé un accord de coopération visant à « renforcer l’unité spirituelle du Monde Russe ». A l’assemblée de 2009 de la Fondation Russki Mir, le Patriarche a défini le cœur de la Holy Rus (Sainte Russie) comme étant composé de la Russie, de l’Ukraine et du Belarus. Le Patriarche Cyrille a ajouté que la ROC considère aussi que la Moldavie fait partie du Monde Russe.11

Durant une réception pour la Pâques orthodoxe le 18 avril 2017, le ministre des affaires étrangères Sergey Lavrov a répété que « la diplomatie russe reçoit invariablement le soutien de l’Eglise orthodoxe russe. Nous apprécions grandement la contribution de la ROC pour renforcer l’autorité morale du pays, créer une image impartiale de notre pays, unifier le Monde Russe et promouvoir la langue et la culture russes. »

Selon le Centre de Media de Crise Ukrainien « Ces organisations [les Centres Culturels Russes en Ukraine] se consacrent en réalité à la promotion d’un révisionnisme historique et territorial, à la diffusion de désinformation russe et de propagation de haine envers l’Etat Ukrainien, à la division de la société et, selon les services de sécurité Ukrainiens servent souvent de façade à des activités de renseignements. »12

Appel à l’expansionnisme spirituel et à l’éradication des « Forces du Mal »

En 2009, après l’invasion de la Géorgie en 2008 et avant l’annexion de la Crimée en 2014, le Patriarche Cyrille a souligné dans l’un de ses discours combien les connexions spirituelles ont une valeur supérieure aux frontières nationales.13

Les idées d’expansionnisme spirituel et d’acclamation de la Russie comme la Troisième Rome et l’héritière de la « grandeur orthodoxe déchue de Byzance » ont été promues de longue date aussi bien par le Kremlin et la ROC.14

Dans la même perspective, le Patriarche Cyrille de Moscou et toute la Russie a déclaré il y a trois ans, le 31 janvier 2019 :

« l’Ukraine n’est pas à la périphérie de notre Église. Nous appelons Kiev la Mère de toutes les villes russes. Kiev est notre Jérusalem. L’orthodoxie russe a commencé là. Il est impossible pour nous d’abandonner cette relation historique et spirituelle ».15 

Avec ses sermons largement diffusés en Russie, le Patriarche Cyrille a donné une justification spirituelle à l’agression de l’Ukraine et apporté sa bénédiction à tous ceux qui rempliraient cette mission divine, y compris aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui s’en sont suivis.

III – CONCLUSION

Tout ce qui précède montre que le Patriarche Cyrille de Moscou et toute la Russie a inspiré, incité, justifié et apporté son aide à la commission de crimes de guerre (article 8) et crimes contre l’humanité (article 7) commis par les forces armées russes en Ukraine.

Dans son arrêt Bemba et autres du 19 octobre 2016, la Cour pénale internationale a jugé :

89. S’agissant du « concours », l’Oxford Dictionary définit le terme « abet» comme le fait « d’encourager ou d’aider (quelqu’un) à faire quelque chose de mal, en particulier à commettre un crime ». Pour la Chambre, ce terme renvoie à l’assistance morale ou psychologique que le complice apporte à l’auteur principal, sous la forme d’encouragements, voire d’un regard favorable, pour la commission de l’infraction en question. Il n’est pas nécessaire que l’encouragement ou le soutien apportés soient explicites. Dans certaines circonstances, le fait ne serait-ce que d’être présent sur les lieux du crime (ou à proximité) en tant que « spectateur silencieux » peut être interprété comme une approbation tacite ou un encouragement.16

Human Rights Without Frontiers se réjouit de l’ouverture d’une enquête sur de possibles crimes commis en Ukraine aux termes du Statut de Rome.

Nous apprécions l’investigation visant à identifier leurs auteurs, y compris en tentant de remonter la chaîne de commande jusqu’au Président Vladimir Poutine.

Nous sollicitons du Procureur qu’il veuille bien inclure les faits ci-dessus détaillés dans l’enquête en cours afin d’établir la responsabilité éventuelle du Patriarche Cyrille pour sa complicité avec leurs auteurs.

1 Résolution du Parlement européen du 7 avril 2022 sur la répression croissante en Russie, y compris le cas d’Alexeï Navalny : https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2022-0125_FR.html.

2 Message mis en ligne sur le site web de l’Eglise orthodoxe russe : http://www.patriarchia.ru/db/text/5900861.html.

3 Voir http://www.interfax-religion.com/?act=news&div=16449 et http://www.patriarchia.ru/db/text/ 5904390.html

4 Voir http://www.patriarchia.ru/db/text/5906442.html

5 « Holy Rus », pour la signification de ce concept, voir ci-après le Contexte, page 8.

6 https://diplomatmagazine.eu/2021/07/04/the-law-the-rights-and-the-rules/

7 « Le Patriarche russe dit que la guerre contre le terrorisme est ‘une guerre sainte pour tous’ », pravoslavie.ru 19.10.2016.

8 “2000 Russian National Security Concept” : http://www.russiaeurope.mid.ru/russiastrat2000.html

9 Portail d’informations de la Fondation Russki Mir, 2017: http://russkiymir.ru/rucenter/.

10 Discours d’introduction du ministre des affaires étrangères Sergey Lavrov à la conférence de presse tenue après la dixième réunion du Groupe de Travail sur l’Interaction MFA-ROC, Moscou, 20.11.2007: http://www.mid.ru/en/vistupleniya_ministra/-/asset_publisher/

MCZ7HQuMdqBY/content/id/356698.

11 The Presentation of Patriarch Kirill at the opening ceremony of the Third Assembly of the Russian World, Internet Journal of the Russian Orthodox Church 3.11.2009.

http://www.patriarchia.ru/db/print/928446.html.

12 https://uacrisis.org/en/russkiy-mir-as-the-kremlin-s-quasi-ideology, Оригінал статті – на сайті Українського кризового медіа-центру: https://uacrisis.org/en/russkiy-mir-as-the-kremlin-s-quasi-ideology.

13 “Spirituality as a political instrument”, the Finnish Institute of International Affairs, p.10

https://www.fiia.fi/wp-content/uploads/2017/11/wp98_russia.pdf.

14 “Putin and the monk”, Financial Times, 25 janvier 2013. https://www.ft.com/content/f2fcba3e-65be-11e2-a3db-00144feab49a.

15 https://fr.aleteia.org/2022/03/03/vladimir-poutine-a-la-reconquete-de-leglise-autocephale-ukrainienne/.

16 Bemba et autres, para 89.