La Cour d’appel d’Aix-en-Provence. Crédits.
Alexander Dvorkin, membre du conseil d’administration de la FECRIS et ancien vice-président, est étroitement lié à la chaîne de télévision SPAS de l’Église orthodoxe russe qui fait l’objet de sanctions de la part de l’UE.
Willy Fautré, directeur de Human Rights Without Frontiers
HRWF (30.12.2023) – Le 18 décembre 2023, SPAS (СПАС), la chaîne de télévision officielle de l’Église orthodoxe russe a été incluse dans le 12e lot de sanctions de l’Union européenne des sanctions de l’Union Européenne dans une liste distincte de “médias russes qui se sont engagés dans une campagne internationale systématique de désinformation, de manipulation de l’information et de déformation des faits afin de renforcer sa stratégie de déstabilisation de ses pays voisins et de l’UE ainsi que de ses États membres.”
Pour contrer ce phénomène, l’UE a suspendu les activités de diffusion et les licences d’un certain nombre d’organes de désinformation soutenus par le Kremlin.
La chaîne orthodoxe SPAS TV sous le coup de sanctions de l’UE
Dans ses programmes, SPAS (Sauveur) a justifié l’attaque militaire contre l’Ukraine par des arguments religieux et spirituels. La chaîne de télévision soutient des actions qui violent et menacent l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine, déclare le Conseil de l’Union européenne.
La plateforme vidéo YouTube l’avait déjà bloquée en mars 2022, en même temps que les médias d’État russes. Toutefois, SPAS peut toujours être visionnée sur son propre site.
La chaîne de télévision a commencé à émettre en 2005 et, selon le Patriarcat orthodoxe de Moscou, elle est l’un des 20 programmes télévisés les plus importants de Russie. Elle diffuse principalement des documentaires, des émissions en direct et des services religieux assurés par le chef de l’Église orthodoxe russe, le Patriarche Cyrille, proche du Kremlin et de ses services secrets.
SPAS se décrit comme “la plus grande chaîne de télévision chrétienne au monde”. Son propriétaire est l’Église orthodoxe russe. Le gouvernement soutient financièrement les programmes de la télévision. Selon l’UE, la direction de la chaîne entretient des relations étroites avec les dirigeants de l’État.
Alexander Dvorkin et la chaîne de télévision SPAS en Russie et la FECRIS en France
Alexander Dvorkin (Александр Дворкин), le propagandiste orthodoxe russe, bien connu pour ses discours haineux contre les Témoins de Jéhovah, les Églises évangéliques et protestantes, les adeptes de Hare Krishna et les Scientologues, tant en Russie qu’à l’étranger, entretient des liens très étroits avec la chaîne de télévision SPAS, qui a mis en ligne des dizaines de vidéos de ce propagandiste notoire. Avant la guerre de la Russie contre l’Ukraine, il a été déclaré persona non grata par l’Ukraine pour avoir été l’une des voix de la propagande russe.
Jusqu’en 2023, Dvorkin était toujours membre du conseil d’administration de la FECRIS (Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme), une organisation antisectes basée en France et financée par des fonds publics. Jusqu’en 2021, il était même vice-président de la FECRIS.
Par acte d’huissier en date du 10 septembre 2022, CAP-LC (Coordination d’associations et des particuliers pour la liberté de conscience), qui défend la liberté de religion ou de conviction dans le monde, a assigné la FECRIS à comparaître devant le tribunal d’instance de Marseille, afin d’obtenir la dissolution de l’organisation en raison de ses activités, selon elle, illégales.
CAP-LC, qui a le statut d’ECOSOC à l’ONU, rappelle qu’elle a été fondée pour défendre les minorités religieuses pacifiques et les nouvelles religions, que la FECRIS ne cesse de stigmatiser depuis de nombreuses années comme des “sectes” dangereuses, nuisibles et totalitaires.
La demande de dissolution de la FECRIS est fondée sur la diffusion de déclarations discriminatoires et diffamatoires en 2006 et 2009 ainsi que lors de conférences en 2015, 2016, 2018, 2019 et 2021 à l’encontre d’un certain nombre de mouvements religieux et de croyances minoritaires respectueux des lois.
CAP-LC dénonce également le détournement de subventions publiques reçues par la FECRIS de la part du Premier Ministre français.
Chacune des accusations de CAP-LC a été étayée par des preuves concrètes, vingt-sept documents au total ayant été déposés auprès de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence.
Le 12 décembre 2023, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé un précédent jugement obligeant la FECRIS, malgré ses tentatives d’échapper à la procédure judiciaire, à se défendre contre une demande de dissolution déposée par l’association française ayant le statut d’ECOSOC à l’ONU.
À propos des sanctions de l’UE à l’encontre du Patriarche Cyrille auxquelles Orban a mis son veto en 2022
Le 7 avril 2022, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il condamne le rôle du Patriarche Cyrille dans la justification théologique de l’agression russe contre l’Ukraine.
La même année, 26 États membres de l’UE ont décidé d’imposer des sanctions au chef de l’Église, le Patriarche Cyrille, mais le président de la Hongrie, Viktor Orban, a mis son veto à l’imposition de sanctions de l’UE à son encontre.
En juillet 2022, l’association française CAP Liberté de Conscience et Human Rights Without Frontiers (Bruxelles), qui a déposé une plainte documentée contre le Patriarche Cyrille auprès de la CPI (Cour pénale internationale), ont fait une déclaration commune lors de la 50e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour faire part de leurs profondes inquiétudes quant à la grave responsabilité du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie dans le déclenchement et l’extension de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.
Les poursuites éventuelles contre le Patriarche Cyrille relèvent de l’article 25 du statut de Rome, qui dispose qu’”une personne est pénalement responsable et peut être punie pour un crime relevant de la compétence de la Cour si, dans le but de faciliter la commission d’un tel crime, elle apporte son aide, son concours ou toute autre forme d’assistance à la commission ou à la tentative de commission de ce crime”.
À un niveau inférieur, Alexander Dvorkin devrait être inscrit sur une nouvelle liste de sanctions de l’UE en tant que persona non grata en Ukraine et propagandiste de l’Église orthodoxe russe favorable à la guerre.